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Bio et qualité de l'eau 

"L’agriculture biologique est l’une des solutions les plus efficaces pour reconquérir et préserver la qualité de l’eau et forger un modèle agricole territorialisé et économiquement viable".

L’agriculture biologique est un exemple concret d’agriculture qui limite les risques de pollution de l’eau. Son cahier des charges interdit l’utilisation d’engrais minéraux et de produits phytosanitaires de synthèse (règlement CEE/2092/91). De plus, il préconise des pratiques agricoles réduisant les risques de pollution de l’eau :

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• allongement des rotations et diversification des cultures mises en place ;

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• implantation de cultures intermédiaires (ou engrais verts) pièges à nitrates (CIPAN) ;

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• fertilisation organique (la libération progressive des nitrates limite les excédents ponctuels) ;

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• choix de variétés végétales naturellement résistantes et adaptées au milieu ;

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• protection des cultures par la lutte biologique, insecticides ou fongicides naturels en dernier recours (aucun herbicide autorisé) ;

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• désherbage thermique ou mécanique (herse étrille, bineuse, etc.).

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"Plus loin que la simple interdiction des intrants chimiques de synthèse inscrite dans le cahier des charges de l’Agriculture biologique, les retours d’expériences grandeur nature (Munich, Vittel, Lons-le-Saunier...) et les modélisations scientifiques réalisées à des échelles différentes mènent à la même conclusion : l’agriculture biologique est l’une des solutions les plus efficaces pour reconquérir et préserver la qualité de l’eau et forger un modèle agricole territorialisé et économiquement viable".

Cahier des charges bio et qualité de l'eau

Des chercheurs de l’INRA de Colmar ont classé huit cahiers des charges agricoles pour les grandes cultures, en fonction de leur impact sur la qualité de l’eau (210 actions techniques étudiées). Il en ressort que le cahier des charges de l’agriculture biologique est celui qui respecte le  plus la qualité des eaux souterraines.

Nitrates

A l’échelle de la parcelle, il est démontré que la conversion à l’agriculture biologique entraîne une réduction du lessivage des nitrates* bien qu’il existe un risque de pollution ponctuelle les années à céréales, lié au retournement des prairies temporaires qui apporte de grandes quantités d’azote dans le sol. La minéralisation est cependant fortement réduite dès lors que l’on préfère un retournement printanier à un retournement automnal. La désynchronisation entre les besoins en azote des plantes et la fourniture en azote du sol par minéralisation des engrais organiques présente également un risque de lessivage. Le choix de la rotation et de la date de retournement sont donc cruciaux.

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Concrètement l'agriculture bio agit favorablement sur la qualité des eaux (via la perte d'azote et la suppression des pesticides) via différentes pratiques :

  • Des rotations longues, avec une succession de plantes à enracinements différents, une alternance de cultures d'hiver et de printemps, alternance des familles végétales.

  • Un chargement en bétail modéré 

  • L'intégration de surface en herbe

  • Des apports en azote modérés (max 170 unités par ha)

  • L'implantation de cultures intermédiaires et de légumineuses

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En outre, l'adhésion au cahier des charges bio ne dispense pas des bonnes pratiques en matière de fertilisation. En conventionnel comme en bio, les pratiques de fertilisation et de pièges à nitrates sont ici déterminantes : CIPAN, couverts végétaux, compostage des effluents, stockage, calcul précis des unités d'azote disponibles et choix des dates d'épandage sont déterminants. 

Produits phytopharmaceutiques

Le cahier des charges bio proscrit tout usage d'herbicide ou fongicide de synthèse. La protection des cultures se fait par la lutte biologique, ou en dernier recours des par insecticides ou fongicides naturels (aucun herbicide autorisé).

La  gestion des adventices se fait avant tout par une réflexion systémique et globale et par des techniques mécaniques : gestion des rotations, alternance des cultures printemps/hiver, faux-semis, bonne gestion des dates de semis, désherbage mécanique (ou thermique/électrique).

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En agriculture biologique, le souffre et le cuivre sont utilisés en dernier recours. 

Le soufre est un fongicide minéral qui agit par blocage de la respiration. Il est principalement utilisé en fruiticulture et en maraîchage dans la lutte contre le mildiou. Son action est avant tout préventive, il est appliqué sur la végétation sous forme de poudre et sa rémanence est relativement faible. Les risques de contamination des eaux souterraines ou de surface par le soufre sont jugés négligeables.

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Focus sur le cuivre en agriculture

Le Cuivre en AB est utilisé comme fongicide et bactéricide. Il est utilisé en bio ET en conventionnel, bien que les quantités utilisées en bio soient globalement plus élevées. Le cuivre est un fongicide de contact et les traitements au cuivre doivent être appliqués avant ou au tout début du développement de la maladie. L'accumulation du cuivre dans le sol peut avoir un impact sur les communautés microbiennes et les vers de terre et sur l’ensemble des activités biologiques du sol. Le problème du cuivre et de son accumulation est donc plus un problème de qualité des sols que de qualité des eaux.

 

Historiquement, le cuivre a été utilisé en grande quantité en agriculture conventionnelle et bio, notamment dans les vignobles de France où les sols présentent tous une pollution du sol historique par cette molécule utilisée depuis plus d'un siècle. Depuis les années 90, les pratiques ont énormément évolué, de même que la législation qui prévoit aujourd'hui une dose maximale de 4 kg/ha/an lissée sur 7 ans. Au milieu du 20e siècle, il n'était pas rare d'en pulvériser 50 kg par an !

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Pour autant, l'accumulation du cuivre dans les sols n’est pas forcément synonyme de risques de transferts vers les eaux souterraines et de surface. Les synthèse bibliographique (Komarek 2010 ou Navel 2011) ont étudié les risques de transferts du cuivre dans des sols viticoles. La concentration en cuivre diminue très rapidement avec la profondeur de sol, quel que soit le type de sol, pour se concentrer dans l’horizon supérieur (0-20 cm). 

 

Sur l’effet des apports réguliers de cuivre en AB et sur leurs impacts sur la qualité des eaux souterraines et de surface, tous les auteurs s’accordent sur la faible mobilité du cuivre vers les eaux souterraines et de surface sous forme dissoute**

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Source : ITAB 

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La conversion bio en grandes cultures : focus

Entre 2010 et 2021, les surfaces de grandes cultures en bio ont quadruplé, passant de 5000 à 20000 ha. Toutefois, de nombreux exploitants sont encore réticents à se convertir à l’agriculture biologique par crainte de la gestion des adventices, des ravageurs ou du manque de débouchés. Pas de doute, le passage au bio ne s'improvise pas. Mais ceux qui ont fait le pas ne veulent pas retourner en arrière : ils évoquent des revenus plus stables, une maîtrise agronomique et technique retrouvée, la santé préservée, le regard positif des riverains, l'autonomie accrue par rapport aux intrants, l'autonomie de décision, etc. 

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Maîtrise des adventices et ravageurs

Une grande culture en bio, c'est possible. En Wallonie, 20 000ha y sont déjà dédiés. Mais l'agriculture biologique ne s'improvise pas.

La gestion des adventices et maladies repose sur une bonne observation et sur la maîtrise des techniques agronomiques. Le bon geste au bon moment, c'est une nécessité : on ne peut pas se reposer sur un phytos en cas de ratage !

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Un passage obligé : les bons conseils et le bon accompagnement. Des acteurs sont à votre disposition pour cela. BiEauLogique, Biowallonie, l'UNAB et d'autres sont là pour vous soutenir !

Autre passage presque obligé : visiter des fermes bio de spéculation similaire. Des exemples concrets valent toujours mieux qu’un long discours. La Wallonie compte à présent plus de 2000 fermes bio. Vous avez l’embarras du choix et ils ne demandent qu'à partager leur expérience.

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Une fois la réflexion entamée, expérimentez des méthodes de l’agriculture biologique.

Plusieurs possibilités d’expérimentations dans votre ferme :
• Tester le contrôle des adventices avec des moyens mécaniques ;
• Utiliser uniquement des fumures conformes aux règles bio, sur quelques prairies ou cultures ;

• Diminuer la part de concentrés dans la ration des ruminants…

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Revenus et débouchés

D'une manière générale, en dehors de périodes de crise, les exploitations bio génèrent un revenu plus important qu'en conventionnel. Les prix sont moins fluctuant et dépendent moins des marchés internationaux. 

Des aides spécifiques importantes sont prévues par la nouvelle PAC pour soutenir les agriculteurs qui font le pas :

1. 150€ par ha en période de conversion.

2. En plus, pour toute la durée de l'engagement, 420€/ha (<60ha) et 252€/ha (>60ha) en cultures annuelles. 220€/ha (<60ha) et 132€/ha (>60ha) en cultures fourragères et prairies. Ce montant est majoré de 40€/ha en zone vulnérable aux nitrates pour les 60 premiers ha, puis 24€ pour le surplus. Au moment du passage au bio, des éco-régimes et des MAEC sont aussi plus facilement accessibles. Par exemple, la nouvelle MAEC sol peut vous assurer un soutien important par hectare si vous améliorez les taux de matière organique de vos sols (rapport COt/argile) !

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Malheureusement, les filières bio sont aussi moins bien structurées que celles du conventionnel. Les débouchés sont là, mais le marché bio demande une attention particulière : avant de se lancer dans une nouvelle production en bio, il est indispensable de réfléchir à vos circuits de commercialisation. Le bio est un marché spécifique, avec ses besoins, ses exigences et ses débouchés propres.

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Nous pouvons vous aider à l'appréhender !

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Et autres avantages 

Le bio, c'est aussi une série d'avantages dont on parle étonnamment peu : améliorer sa santé et éviter l'exposition à certains produits, améliorer l'environnement en général, restaurer la biodiversité sur et autour de ses parcelles, bénéficier d'un secteur où l'entraide entre agriculteurs bio est de mise, retrouver la maîtrise agronomique et se former en continu, favoriser une relation différente avec les riverains, moins dépendre du coût des intrants extérieurs (engrais azotés, phytos..)...

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Ce qui est frappant, quand on parle avec des agriculteurs qui produisent en bio, c'est cette phrase qui revient souvent : "Le bio, c'est du boulot. Mais malgré les difficultés rencontrées les premières années, je ne ferais marche arrière pour rien au monde".

* - Vian Jean-François, ISARA-Lyon, Agriculture biologique et qualité de l’eau - Etat des lieux des forces et faiblesses des systèmes de production conduits en AB, 2019

- Benoît M, Garnier J, Billen G, Nitrate leaching from organic and conventional arable crop farms in the Seine Basin (France), 2014

- Holger Kirchmann, Lars Bergström, Do organic farming practice reduce nitrate leaching ? , Pages 997-1028, 2007

- Cynthia A. Cambardella , Kathleen Delate & Dan B. Jaynes, Water Quality in Organic Systems, USDA-ARS National Laboratory for Agriculture and the Environment, Ames, IA, USA

- Guido Haas, Martin Berg, Ulrich Köpke, Nitrate leaching: comparing conventional, integrated and organic agricultural production systems, Institute of Organic Agriculture, University of Bonn, 2002

- Selon le rapport ITAB-INRA pour le Ministère de l’Agriculture, “Quantifier et chiffrer économiquement les externalités de l’agriculture biologique ?” (2016), qui se base sur de précédents travaux : “Plusieurs études concordent sur le fait que la quantité de nitrates lixiviés peut être réduite de 35 à 65% en bio (Stolze et al., 2000 ; Benoit et al., 2014)”.

** Isara-Lyon, Agriculture biologique et qualité de l’eau Etat des lieux des forces et faiblesses des systèmes de production conduits en AB, février 2019

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